La délégation Bitcoin en République Centrafricaine publie son rapport

Le rapport transmis aux autorités centrafricaines par une délégation internationale de bitcoiners conduite par Sébastien Gouspillou a enfin été rendu public. Il aborde notamment les défis et les avantages que pourrait apporter l’adoption du bitcoin en tant que monnaie légale dans le pays. La délégation a également fait quelques recommandations visant à faire du projet centrafricain une réussite pour la population locale. 

Un pays avec toutes les raisons d’adopter le bitcoin

La délégation conduite par Sébastien Gouspillou a tout d’abord tenu à rappeler que le pays, compte tenu de sa situation, a tout intérêt à adopter le bitcoin comme une monnaie légale au même titre que le franc CFA. 

Les points les plus importants soulignés dans ce cadre sont notamment la réglementation favorable au bitcoin, la maîtrise par la population locale de l’utilisation (quotidienne) du mobile money et le fait que seul 5% de la population locale ait accès aux services bancaires. 

En effet, l’un des freins à l’adoption du bitcoin sur le continent africain c’est l’hostilité du pouvoir public. Le fait pour le gouvernement centrafricain d’accepter l’introduction du bitcoin en tant que monnaie légale pourrait renforcer la confiance et la facilité d’accès à ce dernier.

Mais aussi, le fait pour la population locale d’utiliser déjà un téléphone portable pour les transactions quotidiennes pourrait faciliter la compréhension de l’usage du bitcoin par une grande majorité des centrafricains qui a, contrairement à un compte en banque, accès aux smartphones. 

Les causes qui pourraient compliquer l’adoption du bitcoin 

Dans le rapport, la délégation a également énuméré certains obstacles auxquels pourraient faire face les utilisateurs du bitcoin dans le pays. C’est notamment l’accès faible à l’énergie. 

“La République Centrafricaine n’a pas un réseau énergétique adéquat pour permettre une adoption inclusive de Bitcoin sur son territoire. […] Il va falloir résorber la fracture énergétique des villages pour leur permettre d’être inclus dans cette révolution monétaire.” peut-on lire dans le rapport. 

L’accès à internet dans le pays a également été pointé du doigt. Le rapport précise notamment que la centrafrique compte 2 millions d’abonnés à la téléphonie mobile dont seulement 800 000 abonnés uniques, 300 000 clients avec l’accès à internet via le réseau mobile et 100% de couverture 3G dans Bangui, la capitale. 

En outre, un projet de fibre optique financé par la Banque Africaine de Développement pourrait aider à apporter la couverture internet à 90% de la population. Une partie de ce projet serait en cours de construction pour une fin de travaux prévue au cours de ce mois (Juin 2022).

Si l’on met de côté l’accès à internet, la population manque d’informations suffisantes sur le bitcoin. L’équipe de bitcoiners a ainsi souligné qu’elle n’est pas impliquée dans le projet Sango et qu’elle ignore ses tenants et aboutissants.  

Recommandations de bitcoiners à la Centrafrique

Se concentrer uniquement sur le bitcoin 

Le rapport note qu’il serait plus intéressant que la Centrafrique déploie ses efforts à l’adoption unique du bitcoin et non d’autres cryptomonnaies dont la gestion et la sécurisation ne sont pas décentralisées. Pour eux, cela permettrait également aux populations d’être à l’abri des arnaques en se concentrant sur bitcoin, “la seule véritable révolution crypto”.   

“Le Bitcoin est à ce jour le seul protocole ayant tout d’un bien commun à l’humanité. Le peuple centrafricain pourrait se l’approprier tout en restant réellement souverain […] En tant que monnaie légale, il est rassurant de faire le choix d’une crypto-monnaie dont les règles de fonctionnement ne pourront pas changer du jour au lendemain, sous l’influence d’une personne, d’une fondation ou d’une organisation politique.”

Acheter et vendre du bitcoin facilement

Le groupe d’experts a réitéré l’importance de mettre en place un marché qui permettrait de rendre le bitcoin liquide en monnaie locale. Ceci afin que l’utilisateur ne se sente pas “prisonnier de cette monnaie et doit pouvoir la convertir rapidement dans une monnaie bien connue.” 

Ainsi, il a été proposé au gouvernement de faire en sorte que certains points de vente de crédits mobiles (il y en a 12 000 dans le pays) jouent le rôle d’intermédiaire de change entre le bitcoin et le franc CFA. Mais aussi, cette délégation a noté que 

“la mise en place de distributeurs automatiques au sein des principales villes du pays, dans des endroits sécurisés, ainsi que dans les hôtels” serait un atout. 

L’intégration du Lightning Network

L’intégration du Lightning Network pourrait permettre des transactions plus rapides et à moindre coût, de quoi faire du bitcoin, à l’image de son adoption au Salvador, un moyen de paiement du quotidien

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Figure 1: Schématisation du réseau Lightning 

Le Minage en Centrafrique

La délégation a également noté qu’en centrafrique, seule une petite partie de la population a accès à l’électricité, avec seulement 40 Mégawatts de puissance installée. Comme solution, le minage du bitcoin pourrait aider à financer des projets de microcentrales, apportant l’électricité aux populations qui en ont besoin. 

“Nous avons demandé au ministère de l’énergie d’identifier un de ces projets, celui qui serait le plus facile à réaliser et à financer (petite hydro, moins de 40 MW). De là, nous pourrions réaliser une étude de faisabilité de financement d’une centrale hydro soutenue par l’activité de mining.” 

Programmes de vulgarisation du bitcoin 

Trois programmes d’éducation autour du bitcoin ont été proposés. L’un visant les fonctionnaires et les entreprises dans le but de leur expliquer “la raison d’être du bitcoin, ses avantages et ses inconvénients, son utilisation et les principes de fonctionnement des portefeuilles.”

Le second plan de vulgarisation devrait concerner “les populations civiles censées se servir du bitcoin”. Pour cela, l’équipe a plaidé pour “la création et le financement d’associations à but non lucratif dont l’objectif serait d’éduquer la population civile.”

Ce n’est pas tout Surfin’Bitcoin a proposé d’échanger sur la mise en place d’un programme de Master axée sur le bitcoin à l’université de Bangui.  

“Nous proposons de calquer le programme que nous sommes actuellement en train de mettre en place au sein de la prestigieuse Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques du Bénin: IMSP. Ce parcours touchera les aspects : formation, recherche et innovation avec comme objectifs : permettre à la jeunesse Centrafricaine de construire et développer l’économie de leur pays, garantir à la jeunesse un emploi dans un secteur d’avenir, éviter la fuite des cerveaux vers l’étranger.”

D’autres propositions ont été faites, notamment en ce qui concerne le wallet Sango, que la société Galoy (à l’origine de Bitcoin Beach Wallet au Salvador) compte mettre en place en tant qu’outil bancaire adapté aux réalités locales; en matière de fiscalité mais aussi, sur la possibilité pour l’Etat Centrafricain d’émettre des obligations d’Etat sur le réseau Liquid afin de “financer la construction d’une infrastructure énergétique solaire/hydraulique et de minage de bitcoins dans la région”. Une rencontre avec Samson Mow, architecte des bitcoins bonds du Salvador, a été évoquée. 

Vous pouvez avoir accès au rapport complet ici

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