Le Mozambique, sa monnaie et ses difficultés économiques

Mozambique Town Ghetto

C’est en 1980 que le Mozambique s’est doté de sa propre monnaie, le Metical. Cette dernière est venue remplacer l’Escudo mozambicain (Escudo de Moçambique), l’ancienne monnaie du Mozambique portugais de janvier 1914 à 1977, puis du Mozambique indépendant jusqu’en 1980. 

Wikipedia nous renseigne que « depuis le XVIIIe siècle, des pièces de monnaie portugaises et espagnoles contremarquées « LM » circulent sur le territoire du Mozambique ». Il a donc fallu une monnaie nationale unique. 

« En janvier 1914, l’escudo remplace le réal au taux de 1 pour 1000 dans la plupart des territoires et provinces ultramarines de la République portugaise. La Banco Nacional Ultramarino est chargée de l’émission du papier monétaire ; la Casa da Moeda de celle des pièces de monnaie spécifiques au Mozambique. Jusqu’en 1977, l’équivalence entre la monnaie portugaise et celle du Mozambique est au pair. Le metical, au pluriel meticais, est la devise officielle du Mozambique depuis le 16 juin 1980, il est divisé en 100 centavos. Le terme vient de l’arabe mithqal et est souvent francisé en métical (au pluriel, méticals). Il remplace l’escudo mozambicain. Le 1er juillet 2006, le nouveau metical est introduit, de symbole local MTn (code ISO 4217 : MZN), au taux de 1 nouveau metical (MZN) = 1 000 anciens meticais (MZM) ».

Quelle performance pour le Metical ?

Bien que le Mozambique ait connu une croissance économique annuelle de 7% depuis vingt ans, le Metical a baissé de plus de 30 à 40% face au dollar américain en 2015. L’agence de notation Bloomberg fait remarquer que c’est la pire chute jamais enregistrée par une monnaie africaine après le Kwacha zambien. Il est bien entendu que cette dégringolade s’est faite suivre d’une augmentation des prix sur le marché, rendant le la vie difficile aux citoyens lambda. 

En 2016, le Metical a continué sa descente aux enfers par une dépréciation supplémentaire de 43%. Notons que 2016 est aussi l’année d’un des plus grands scandales de corruption du Mozambique : des prêts secrets d’un montant équivalent à près deux milliards d’euros avaient été accordés par des banques étrangères à des entreprises publiques mozambicaines, le tout garanti par l’État. La découverte de cette dette tenue secrète et non malheureusement pas payée a naturellement provoqué l’effondrement du Metical. 

Vers une monnaie plus stable au Mozambique ?  

Le sort de l’économie mozambicaine n’est pas différente de celui des autres Etats en développement et surtout « extractivistes » d’Afrique qui, simplement dit, doivent se repenser en intégrant la lutte contre la corruption qui entoure les contrats miniers et les mégas projets, en diversifiant l’économie par l’encouragement des acteurs locaux et des investissements étrangers et en se dotant d’une véritable politique d’investissement public dans la transformation des produits agricoles locaux et  la construction d’infrastructures de base à impacts rapides sur le circuit économique. Voici ce que dit un observateur : 

Au service des mégaprojets et des intérêts attenants, l’économie mozambicaine fait fi non seulement des groupes humains, mais également des territoires.”

Il faut comprendre que ce pays, comme beaucoup d’autres en Afrique, est également resté dans la logique extractive sans considération pour le développement d’autres secteurs d’activités dans les zones non concernées par l’extraction minière, laissant ainsi de nombreux citoyens dans la pauvreté et sans accompagnement économique. 

C’est pourquoi le pays continue d’enregistrer une forte prévalence de la pauvreté (autour de 63%) malgré la croissance économique enregistrée depuis une vingtaine d’années. Cette croissance ne profite pas à toutes les couches de la population qui restent à l’écart des circuits d’exploitation miniers et gaziers.

Projections de la banque mondiale 

Ci-dessous, un résumé de la perspective économique faite en 2020 par les institutions internationales dont la banque mondiale : 

« L’inflation devrait s’établir en moyenne à 5,3% en 2021–2022, principalement sous l’effet de la demande intérieure pendant la reprise économique. L’augmentation de la croissance intérieure et de la demande internationale de produits de base devrait générer davantage de recettes fiscales et favoriser la reprise du processus d’assainissement budgétaire […] Les principaux risques pouvant compromettre une telle reprise sont les chocs climatiques, la faiblesse des prix des matières premières et les perturbations militaires croissantes dans le centre du pays et dans le nord.»

Cette situation peint le décor de l’échec de stabilisation du Metical mozambicain. Comme prévue, l’inflation ne s’est pas stabilisée depuis la crise du Covid-19, renforcée par la guerre en Ukraine. Par contre, elle ne fait que croître; 5,48% en juillet 2021 et respectivement 6,67% et 7,90% en mars et  avril 2022 (source). 

Revenons sur les risques de compromission de la croissance tels qu’énoncés ci-dessus : 

Les chocs climatiques

Il est évident que l’Afrique ne produit pas autant de CO2 que les pays développés. Par contre, les pays Africains sont, pour la plupart, riches en forêts. Ils ne devraient pas simplement subir les méfaits de changements climatiques sans compensation par les gros pollueurs. 

Les fonds de compensation du crédit carbone devraient être investis dans une économie verte et de renversement de la tendance pour contrecarrer la pollution des rivières africaines, les fleuves et les océans par les composants plastiques. L’ investissement des fonds du crédit carbone devrait contribuer aux efforts de diversification des économies africaines et à financer l’innovation technologique promouvant une économie future moins polluante. 

La chute du cours des matières premières

La dépendance des économies africaines à la vente des matières premières anéanti les politiques locales. A l’image du Vénézuela, il est certain qu’aucun pays ne peut se développer de façon durable en n’ayant comme unique ressources les matières premières. Le Mozambique fait malheureusement partie de ces pays. Ainsi, la valeur du Metical dépend en partie du prix des matières premières.   

S’il est vrai qu’aucun pays ne peut se priver de la vente de ses minerais, il faudrait aussi que les pays Africains soient aussi capables de négocier de bons prix et se libérer du diktat des bourses étrangères qui fixent les prix de matières qu’elles ne produisent pas. 

Les perturbations militaires au Mozambique

On ne le dira jamais assez, les guerres sont souvent provoquées par les intérêts économiques des multinationales. Il en est ainsi des conflits du nord du Mozambique. L’analyse de ces conflits n’est sûrement pas notre mandat mais il faut retenir une bonne fois pour toutes que lorsque ces guerres viennent détruire continuellement les économies en marche comme c’est le cas pour le phénomène Boko Haram au Nigeria et l’activisme terroriste au Mali et dans toute l’Afrique occidentale, il faut que les pays Africains développent un nationalisme intelligent pour se libérer de l’impérialisme économique et belliciste occidental. 

Ces stratégies combinées, nous citons la diversification des économies renforcée par la promotion des inventions technologiques, le contrôle des prix des matières premières de l’Afrique et un sursaut nationaliste pour mettre fin aux guerres destructrices des économies devraient produire des effets positifs sur la maîtrise des politiques monétaires en Afrique.  

Leçons à considérer pour juguler l’inflation

Pour espérer stabiliser l’économie du Mozambique, il faut une diversification de l’économie en investissant dans la transformation des produits agricoles et dans les infrastructures des régions non minières afin d’offrir des facilités aux investisseurs de ce secteur oublié et dans les services en vue de créer le plus d’emplois pour les citoyens et éviter ainsi la décroissance qui s’impose à chaque mévente des matières premières. 

Ceci dit, la conjoncture exige une solution urgente pour les citoyens lambda : en attendant que les politiques des états se rangent derrière les intérêts des petits peuples, par leur indépendance des politiques des Etats. Le bitcoin apporte une solution originale. 

Le bitcoin peut-il protéger les mozambicains de l’inflation ?

Dans un contexte de dépréciation continue du Metical, les citoyens mozambicains pourraient se servir du bitcoin pour échapper à l’inflation. A qui rétorquerai que “le bitcoin est plus volatil” je répondrais qu’au moins, ce n’est jamais à la suite d’une décision d’un mauvais banquier.  

Il est tout de même important de noter que le bitcoin, depuis sa création, a toujours été haussier sur le long terme. C’est tout le contraire avec les monnaies fiat, dont la valeur a tendance à fondre comme la neige au fil des années suite à l’absence de limite en termes de création monétaire. L’émission monétaire du bitcoin est connue de tous et ne peut changer sous l’impulsion d’une décision politique. Il n’y aura que 21 millions de bitcoins et pas plus.   

En plus de son caractère désinflationniste, le bitcoin est porteur de plusieurs autres valeurs dont la transparence. Toutes les transactions en bitcoin sont vérifiées et enregistrées dans un régistre public, que n’importe qui peut consulter. En ce sens, l’utilisation du bitcoin limite la corruption et le financement d’activités illicites.  

L’usage du bitcoin est inclusive. Elle ouvre la porte à la participation de tous les citoyens dans le processus de gestion et de création monétaire, apportant plus d’inclusion et de liberté financières. C’est un véritable plan B pour chaque Mozambicain. 

Moses

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