Selon l’OCDE, l’interdiction du bitcoin au Nigéria a freiné l’économie du pays

BTC NGN

En Février 2021, la Central Bank of Nigéria (CBN) a formellement interdit l’utilisation du bitcoin au Nigéria et ordonné aux banques du pays de bloquer les comptes des utilisateurs des crypto-monnaies. Plus d’un an après, un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) note que ces mesures ont été mauvaises pour l’économie du pays. 

C’est l’économie Nigériane qui perd 

Dans un rapport dénommé Africa’s Urbanisation Dynamics 2022: The Economic Power of Africa’s Cities, publié en partenariat avec l’ONU et la Banque mondiale, l’OCDE indique que l’interdiction des cryptomonnaies a eu des effets désastreux pour l’économie du Nigéria

Le rapport note notamment que cette mesure a entraîné la réduction des investissements directs étrangers (IDE) dans les Fintechs dans un pays où ce secteur est pourvoyeur d’emplois et d’opportunités économiques pour des millions des jeunes.

Les restrictions sur les transactions en cryptomonnaies et la suspension de Twitter au Nigeria ont aussi eu un impact négatif sur des millions de jeunes Nigérians qui gagnent leur vie grâce à ce secteur», peut-on lire dans le rapport de 205 pages. 

En outre, l’OCDE note que les restrictions sur les cryptomonnaies n’ont eu aucun effet sur leur utilisation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. En effet, les utilisateurs des cryptomonnaies au Nigéria ont su, pour la majorité, contourner  les restrictions imposées par la Central Bank of Nigéria en faisant recours aux moyens d’accès non contrôlés par l’Etat, entraînant par la même occasion des pertes fiscales importantes pour le pays

« Beaucoup [Utilisateurs des cryptomonnaies] ont trouvé un moyen de contourner légalement ces restrictions et de poursuivre leur activité, en privant le Nigeria des taxes et des frais de transaction qui, autrement, seraient perçus par le système », rapporte l’OCDE dans son rapport. 

Une étude de l’exchange Kucoin corrobore ce constat de l’OCDE en estimant à plus de 30 millions le nombre de nigérians ayant échangé les actifs numériques pendant cette période de restriction. 

Le Nigéria apprend à ses dépens 

La mesure de la Central Bank of Nigéria d’interdire l’utilisation des crypto-actifs avait largement été critiquée par plusieurs observateurs, y compris au sein même de la sphère du pouvoir au Nigéria. Dans une déclaration rappelant celle du Vice président du pays qui assimilait l’interdiction du Bitcoin au fait de « tuer la poule aux œufs d’or », le ministre Nigérian du Budget avait notamment estimé que les restrictions des crypto-monnaies privent son pays d’innombrables opportunités technologiques et qu’elles auraient des conséquences sur l’économie. 

Aujourd’hui, des premiers indices font penser que les autorités monétaires et financières du Nigéria ont compris que la lutte menée contre les crypto-monnaies, avec bitcoin en tête, est contreproductive et vouée à l’échec. 

En effet, des mesures d’assouplissement des restrictions imposées en Février 2021 se font voir progressivement. Dans un document détaillant les actions requises pour permettre les transactions d’actifs numériques dans le pays, la Securities and Exchange Commission (SEC) s’est réservé d’interdire les transferts en crypto. 

Elle a juste instauré une obligation de validation de l’autorité et des frais d’enregistrement de 30 millions de nairas, soit 69 330 euros, aux entreprises du secteur.  Bien que cette somme soit exorbitante, il s’agit peut-être là d’une première étape vers la fin des restrictions imposées aux utilisateurs du bitcoin dans le pays. 

Le Nigéria offre une excellente leçon sur l’impossibilité pour les régulateurs de censurer le Bitcoin à l’intérieur de leurs propres pays. Si cela n’est pas une bonne nouvelle pour les autorités qui veulent contrôler au maximum toutes les sphères de l’économie, elle l’est pour les citoyens qui supportent le poids des décisions monétaires et financières compromettantes des élites. Le Nigéria, qui participe par ailleurs à un sommet de haut niveau sur le Bitcoin à l’initiative de Nayib Bukele, a tout intérêt à s’inspirer du Salvador et tirer le meilleur profit du Bitcoin pour ses citoyens et son économie. 

Stewart

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