Envoyer l’argent au Togo

Envoyer l'argent au Togo

Le Togo est un pays d’Afrique de l’Ouest, membre de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine). Il partage l’utilisation du Franc CFA avec sept autres pays de l’UEMOA et sept de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique). 

C’est l’un des pays les plus pauvres du continent, avec une économie axée sur l’agriculture, qui représente 39% de son Produit International Brut (PIB). Comment fait-on pour envoyer l’argent au Togo ? Quelles méthodes de transfert sont disponibles ? Quels sont les coûts ? Toutes les réponses dans cet article. 

Transferts d’argent à l’intérieur du Togo 

Avant la récente évolution du secteur des transferts, les résidents togolais avaient du mal à effectuer des transactions entre des zones éloignées. En effet, plus de 70% de la population du pays vit dans les zones rurales dépourvues d’infrastructures financières. 

En effet, les banques et d’autres fournisseurs de services financiers sont beaucoup plus concentrés dans des villes comme Lomé, Sokodé ou encore Kara. Les zones rurales n’ont presque pas d’infrastructures financières.

Par conséquent, dans certains milieux, pour effectuer une transaction ou recevoir un salaire (en tant qu’employé du gouvernement ou d’une ONG), il faut voyager pendant plusieurs heures (4 heures ou plus) afin de trouver un endroit où le transfert est possible.

Toutefois, l’arrivée du mobile money dans le pays a changé la donne. Avec moins d’exigences à l’entrée et des services adaptés à toutes les catégories sociales, les togolais ont facilement tourné le dos aux banques traditionnelles. Aujourd’hui, l’envoi et la réception d’argent à travers le pays ne nécessitent plus autant d’énergie qu’auparavant

Etat des lieux de l’adoption du mobile money au Togo

Depuis 2013, le service mobile money fait partie du quotidien des Togolais. Au cours des six dernières années, le nombre d’utilisateurs a considérablement augmenté, passant de quelques centaines à 4,71 millions, selon le rapport de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)

Actuellement le Togo compte plus de 5,7 millions de comptes mobile money. Cette croissance rapide est consécutive à la multiplication de points de transfert répartis dans les villes du pays. Le volume annuel des transactions a atteint plus de 607,7 milliards FCFA soit 1 011 951  763 dollars. 

Le marché togolais du mobile money est réparti entre trois opérateurs : Flooz, TMoney et Wave. Avant l’arrivée de ce dernier, le marché était réparti entre Flooz, avec un volume de transactions de 1700 milliards de FCFA, soit 78% des transactions annuelles totales, et TMoney, avec un volume de transactions de 500 milliards de FCFA, soit 22% des transactions.

Les frais de transfert mobile money au Togo

Comme nous l’avons mentionné plus haut, le mobile money joue un rôle très capital dans l’évolution du système économique du pays. La majorité de la population, instruite ou pas, l’utilise pour effectuer facilement les transferts.

Le mobile money a gagné la confiance des Togolais à tel point qu’il a fait une véritable percée dans le système financier togolais. Son taux d’inclusion dans le pays atteint les 72,3%. 

Cependant, malgré ce grand changement, le système de facturation n’est pas adapté. La population paie un prix élevé pour s’offrir les services des opérateurs.  

Frais de transfert sur Flooz

Flooz est un service mobile money de l’opérateur Moov. C’est le réseau de transfert le plus utilisé au Togo. Pour ouvrir un compte Flooz, il faut tout d’abord avoir une carte sim Moov

Du côté des frais, ils sont fixés à 4500 FCFA pour envoyer jusqu’à 500 000 FCFA entre deux utilisateurs Flooz. Pour un transfert de 50 000 FCFA vers un autre réseau, les frais sont de 7000 FCFA

Il est également possible d’effectuer une transaction internationale, mais les frais sont exorbitants. Les frais de transaction sont fixés à 9000 FCFA pour les transferts allant de 300 001 à 600 000 FCFA. Il est également à noter que des frais de retrait sont désormais en vigueur.

Les frais de transfert sur TMoney

Le réseau TMoney est géré par l’opérateur togo com. Pour envoyer l’argent avec ce dernier, le client est facturé 0,8 pour-cent du montant transféré. Pour échanger en cash auprès d’un agent, il faut prévoir 0,2 % du montant à retirer. Pour un compte déjà élargi, le montant limité à recevoir pendant un mois est de 10 000 000 FCFA.

Les frais de transfert sur Wave

La fintech Wave a été fondée en 2018. Il s’agit d’un opérateur de transfert d’argent  similaire à PayPal. L’utilisation de Wave ne nécessite pas de compte bancaire. Il fonctionne comme tout autre service mobile money. 

Chez Wave money, les frais de dépôt et retrait sont un peu réduits. Le transfert d’un compte à un autre coûte 1% du montant à transférer. Par exemple, pour envoyer 10 000 FCFA, les frais de transaction s’élèvent à 100 FCFA . Quant au plafond mensuel pour les transferts, il est fixé à 200 000 FCFA.

En plus de ce qui précède, pour effectuer une transaction de mobile money au Togo, il faut être prêt à payer des frais des deux côtés, pour l’envoi comme pour la réception, ce qui n’est pas si économique pour une population à faible revenu. 

Bien que le mobile money améliore la façon d’envoyer de l’argent, il est limité en ce qui concerne la garde de montants importants et d’autres services financiers tels que le prêt. C’est pourquoi les banques traditionnelles jouent encore un rôle très important dans le pays. 

Les banques au Togo 

Selon le rapport de la BCEAO, le Togo est le pays le plus bancarisé d’Afrique de l’Ouest, avec un taux de 25%. Il est suivi du Bénin dont le taux de bancarisation est de 24.8 %. En effet, une partie de la population togolaise se sert de banques pour les transactions financières de grande envergure et les transferts internationaux

Le mobile money, lui, est beaucoup plus utilisé pour les transactions locales. Quant à l’affinité entre les deux systèmes de transfert, la rivalité est légère. Certaines banques nouent des partenariats avec les services Mobile Money. 

Il devient par exemple possible d’envoyer de l’argent d’un compte bancaire vers un compte mobile money. Malgré ces collaborations, le mobile money s’est accaparé une grande part du marché des transferts d’argent au Togo, faisant de l’ombre aux banques. 

Envoyer l’argent par la banque 

En Afrique subsaharienne, moins de 20 % de la population ont accès aux services bancaires. Une grande partie de la population s’est tournée vers le mobile money, jugé plus accessible (un smartphone suffit) et pratique. De 2011 à 2017, le pourcentage de personnes de plus de 15 ans titulaires d’un compte mobile mobile money avait presque doublé, passant de 23 à 43 %. 

Le Togo a également fait des progrès notables dans le secteur. Les banques y sont beaucoup plus utilisées pour effectuer des transactions à l’étranger, faire des gros virements ou garder des montants importants en sécurité. Les clients des banques sont généralement les plus nantis. 

Les Frais de transfert 

Pour effectuer un virement bancaire rapide au Togo, le client doit suivre certaines procédures. A titre d’exemple, Ecobank exige au client de passer par un agent de Rapid Transfer, remplir formulaire de virement, présenter une pièce d’identité valide et déterminer le montant à transférer.

Les frais de transfert sont extrêmement élevés. Chez UTB (Union Togolaise de banque), pour un transfert de 2750 FCFA en dehors de l’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest), le client est facturé 2% du montant à envoyer. 

Les frais varient d’un établissement à l’autre mais restent 2 et 5 euros. La Banque Postale, par exemple, propose des virements en ligne gratuits. Cependant, ceux effectués en agence (ou au guichet) sont facturés à 3,30 euros. Du côté de la Société Générale, les virements en ligne sont également gratuits mais coûtent 5 euros en agence. 

Le constat général est que les frais de transfert sont souvent plus faibles si le client procède au transfert en ligne depuis son espace personnel (site internet de la banque ou application mobile). Ils sont plus élevés si le virement se fait physiquement au guichet ou via un formulaire.

Envoyer l’argent hors du pays 

Pour envoyer l’argent hors du Togo, il faut passer soit par le mobile money, souvent utilisé si le réseau de paiement utilisé est disponible dans le pays concerné, soit faire un transfert bancaire. 

Cependant, les banques ne s’occupent que rarement de l’opération. Elles font souvent recours à des services spécialisés comme western union, Remitly, Wise, paypal, worldremit…

Ces derniers sont les plus utilisés pour envoyer l’argent hors du Togo. En outre, le prix à payer est énorme. 

Les virements bancaires

Pour effectuer un virement il faut avoir le nom complet du bénéficiaire, son adresse, sa ville de résidence, les coordonnées de son compte bancaire, le nom de sa banque, etc. Pour accéder à ce service, il n’est pas obligatoire de disposer d’un compte en banque. Une carte d’identité valide suffit.  

Le frais liés au transfert dépendent  d’un réseau à un autre sans oublier le taux de change, on prend l’exemple de western union , pour un virement de 500 000,01 jusqu’à 600 000 FCFA, le frais de transfert est de 16 458 FCFA 

Signalons que ce frais concerne seulement le transfert vers d’autres pays  d’Afrique en dehors de l’uemoa , au fait les frais varient entre les pays de la destination. 

Les services spécialisés 

L’activité des services spécialisés tels que Western union,Worldremit et Moneygram est bien supérieure à celle des banques pour les transactions avec l’extérieur du pays. 

En effet, pour Western Union par exemple, il est possible de faire le transfert d’argent vers les portefeuilles mobiles de plus de 20 pays depuis le Togo. Cependant, il faut noter que les frais de transaction ainsi que le taux de change sont exorbitants pour ce type de service. 

Envoyer l’argent de l’étranger vers le Togo 

Selon le rapport de statista, la valeur des envoies de fonds au Togo de 2010 à 2018 a franchi une barre de 451 millions de dollars et représentait 2,8% du PIB. Les services spécialisés et les virements bancaires sont les moyens les plus utilisés bien que le prix à payer soit exorbitant.

Grâce à l’interopérabilité entre Flooz, Tmoney et Wave avec les services spécialisés comme Western Union, il est possible d’envoyer les fonds depuis l’étranger vers un portefeuille mobile au Togo. Toutefois cette possibilité est restreinte à seulement 20 pays (cités un peu plus haut) et les frais sont très élevés (Ils peuvent aller au-delà de 15% selon les pays concernés).

Plusieurs sociétés rivalisent pour permettre de transférer des euros vers un compte bancaire en FCFA au Togo. Mais le taux de change et les frais de transfert peuvent être exorbitants face à une population pauvre. C’est pour cette raison que le virement bancaire vers le Togo reste beaucoup plus utilisé pour envoyer des gros montants

Accès aux services de transfert d’argent au togo

L’accessibilité aux services de transfert est limitée pour des personnes habitants au fin fond du Togo. Pour les habitants en ville, l’accès aux services de transfert n’est pas un casse-tête. Les terminaux de transfert de diverses plateformes sont répartis dans la majorité des rues de chaque province. 

En termes d’accès aux services bancaires, les communautés éloignées telles que Nioussira, une entité isolée dans la brousse, à 450 kilomètres au nord de Lomé, dans la région de Kara, sont en difficulté. Malgré la prolifération des services financiers numériques, l’accès reste encore limité à un certain groupe de personnes.

Les problèmes avec le transfert d’argent au Togo

Il est évident que les innovations apportées dans le secteur du transfert d’argent ont entraîné une transformation positive au Togo. Mais plusieurs problèmes restent à résoudre. Comme vous avez pu le lire plus haut, la majorité de la population togolaise n’a pas accès aux services financiers. Elle reste encore confrontée à différents freins dont :  

  • Les frais de transactions élevés
  • Un plafond de virement qui limite les transferts
  • Certaines banques exigent que les virements à destination de comptes étrangers soient effectués avant 12 heures.

En plus de cela, les togolais utilisent le Franc de la Communauté Financière Africaine, plus connu sous le nom de Franc CFA, une monnaie créée et contrôlée par la France. Les togolais, depuis bien longtemps, s’insurgent contre le Franc CFA  qu’ils qualifient de monnaie coloniale.

En décembre 1962, deux ans après l’indépendance du Togo, le premier dirigeant, du pays, Sylvanus Olympio, lance un mouvement pour tenter de se libérer du système CFA instauré en par la France en 1945. A l’époque, le FCFA était rattaché à la monnaie française. Depuis les années 90, il est rattaché à l’euro. 

Ce que le Bitcoin peut apporter aux togolais

Il est vrai que le secteur des transferts d’argent au Togo évolue année après année. Cependant, les populations les plus pauvres peinent à accéder aux services financiers, les frais sont très élevés et les transferts sont plafonnés car ils sont entièrement contrôlés par les banques et surveillés par l’Etat

L’invention de Satoshi Nakamoto pourrait aider à résoudre certains de problèmes susmentionnés. Le bitcoin a le potentiel d’aider des millions de togolais exclus du système financier et ceux victimes de normes injustes imposées par les institutions financières

Le bitcoin est à la fois une monnaie et un réseau de paiement. Ses caractéristiques dont la décentralisation, la résistance à la censure, la rareté et bien d’autres font du bitcoin un outil révolutionnaire capable de s’affirmer en tant qu’alternative au système financier togolais.

Il permet de se passer des intermédiaires tels que les banques et les services de type Western Union. Avec le bitcoin, il n’existe aucune limite de transaction et les frais de transfert sont insignifiants, notamment grâce au Lightning network. Les transferts se font de pair à pair (P2P), ce qui permet aux utilisateurs de reprendre le contrôle total sur l’argent. Bitcoin réduit également le temps de traitement des transactions.

Etat des lieux de l’adoption du Bitcoin au Togo

L’intérêt pour le Bitcoin ne cesse de croître en Afrique y compris au Togo. Malgré les restrictions et les déclarations du clan dirigeant contre le bitcoin, son adoption évolue sereinement. 

En 2016, le sénegalais Tiemoko Meyliet Koné, le patron de la BCEAO, la banque centrale de l’UEMAO a déclaré ne pas reconnaître Bitcoin comme une monnaie, suite à sa décentralisation.  

“Une monnaie a obligatoirement une contrepartie et, cette contrepartie, il y a quelqu’un qui la garantit. Si ce n’est pas le cas, bitcoin n’est pas quelque chose contrôlable et nous ne pouvons donc pas le conseiller à nos populations” a-t-il déclaré.

Malgré l’hostilité de la part des gouvernants, l’usage du bitcoin est bien réel au Togo. Plusieurs Startup bitcoin s’y sont développées. Il est facile pour un résident togolais d’acheter du bitcoin avec les moyens de paiements locaux grâce à des solutions comme Ejara ou encore Yellow Card, qui permettent d’acheter du bitcoin par mobile money. Les plateformes P2P comme Paxful ou encore Localbitcoins jouent également un rôle très important. 

Du côté des initiatives d’éducation autour du bitcoin, elles se multiplient également au Togo. Farida Naburema, une fervente militante au sein de la société civile, a récemment lancé, Ega Yéyé, une académie de formation dédiée au bitcoin. Farida va un peu plus loin. Elle n’hésite pas à brandir le bitcoin comme une arme contre le colonialisme monétaire imposée par la France, via le  Franc CFA, à 14 pays africains.  

Conclusion

L’adoption grandissante du mobile money a développé le secteur de transfert d’argent au Togo. Avec le mobile money, les banques et les services de transfert spécialisés, de plus en plus de togolais transfèrent l’argent beaucoup plus facilement. 

En revanche, le prix à payer est énorme pour une population parmi les plus pauvres du monde. Mais aussi, le système monétaire imposant aux populations l’utilisation du Franc CFA freine le développement économique du pays et fait plonger des millions de togolais dans la misère.

Le bitcoin pourrait apporter une solution à tous ces problèmes. Il constitue à ce jour une véritable arme pour lutter contre l’impérialisme monétaire imposé par le franc CFA, la surveillance financière mais aussi des frais des transactions exorbitants proposés par les banques et les services de transfert d’argent.  

Patricia Zamwana

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