La Russie jure par le bitcoin – une monnaie acéphale qui, par nature, il ne profite à aucun pays au détriment d’un autre. S’il a permis à l’Ukraine de collecter des millions de dollars pour soutenir l’effort de guerre, l’invention de Nakamoto pourrait aider la population russe à contourner le blocus bancaire. Le président de la Chambre du commerce et de l’industrie Russe estime pour sa part que son pays devrait s’appuyer sur les cryptomonnaies et une monnaie numérique de la banque centrale (CBDC) pour les échanges avec l’Afrique.
Bitcoin en opération séduction auprès de gouvernements
Il n’y a plus de doute, le bitcoin sera de plus à plus adopté par les Etats. Si l’un des objectifs du Salvador était de se tourner vers le bitcoin afin de s’affranchir de l’hégémonie dollar américain, il est vu au Venezuela comme un actif refuge pour échapper à l’hyperinflation.
Quelle est la situation en Russie ? Depuis l’invasion de l’Ukraine, le pays fait face à des sanctions financières de la part de l’occident. Pour s’en libérer sans mettre en péril son économie, les russes pourraient jouer toutes les cartes possible y compris l’utilisation des cryptomonnaies pour faciliter la vente de son gaz mais aussi le commerce avec les pays africains.
Un comité de la Chambre du Commerce et d’Industrie russe a demandé au gouvernement de réaliser des transactions transfrontalières en cryptomonnaies et en monnaies numériques de la banque centrale (CBDC).
Selon un média local soutenu par TASS (l’une des principales agences de presse russes), Sergueï Katyrin, le président du Parlement, a envoyé une lettre au Premier ministre Mikhaïl Mishustin, exposant un certain nombre de propositions visant à élargir la coopération avec les pays africains.
“Il semble utile de confier au ministère russe des Finances, en collaboration avec la Banque Centrale, la responsabilité de garantir des accords intergouvernementaux avec les pays africains sur l’utilisation des monnaies nationales et des cryptomonnaies dans les transactions et les paiements transfrontaliers.”
Sergueï Katyrin
L’exécutif a poursuivi en déclarant qu’il était essentiel de créer une banque spéciale d’import-export et un fond d’affectation spéciale pour soutenir les activités d’exportation des petites et moyennes entreprises africaines.
L’Afrique à la pointe de l’adoption des cryptomonnaies
L’utilisation des cryptomonnaies augmente partout dans le monde, et l’Afrique ne fait pas exception. Au cours des six derniers mois, plus de 30 million Nigérians ont échangé des cryptomonnaies, selon une étude de Kucoin. Du côté de l’Afrique du Sud, on comptait 11,3 % de détenteurs de cryptomonnaies en décembre 2021.
Au Ghana, des travaux sont en cours pour déployer une monnaie numérique de la banque centrale (MNBC) qui pourrait, selon les autorités du pays, permettre des transactions hors-ligne et à moindre coûts. Le Kenya est quant à lui l’un des pays africains qui traite un grand nombre de transactions en peer-to-peer.
3 pays africains choisissent une entreprise russe pour développer leur CBDC
Le 11 avril 2022, le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo ont publié une annonce commune sur leur plans d’adoption de TON, la blockchain de Telegram. La RDC pourrait s’en servir pour émettre un stablecoin d’Etat.
TON travaille indépendamment avec les trois pays depuis un certain temps et, selon l’annonce, le but est de les aider à “s’engager dans une transition progressive vers l’adoption des cryptomonnaies comme pilier majeur de leurs cadres économiques”.
En résumé, les cryptomonnaies, à l’instar du bitcoin, permettent non seulement de se protéger contre l’inflation, mais aussi d’effectuer des transferts rapides et peu coûteuses. Alors qu’un virement bancaire peut prendre des jours pour être validé, une transaction en bitcoin ne prend que quelques minutes. En plus de cela, le bitcoin permettrait à la Russie d’effectuer les transactions avec ses partenaires africains sans violer le droit américain.