Sujet relativement récent, la crypto-monnaie est souvent ignorée et voire même interdite dans certains pays. Au vu de l’importance croissante du bitcoin et des abus multiples dans ce secteur, de nombreux gouvernements répondent par la réglementation; un peu comme l’Afrique du Sud qui a annoncé la mise en place d’un cadre réglementaire clair dès l’année prochaine.
Le FSCA veut protéger les investisseurs
La Financial Sector Conduct Authority (FSCA), l’organisme de surveillance de la réglementation financière d’Afrique du Sud, prévoit de mettre en place une réglementation des actifs cryptographiques en 2022. Au cours d’une interview le 10 décembre dernier, le commissaire de la FSCA, Unathi Kamlana, a notamment fait savoir que les règles qui seront ainsi édictées permettront d’établir comment les échanges de cryptos telles que bitcoin doivent être menés, comment les monnaies interagissent avec les produits financiers traditionnels, les risques qu’elles comportent pour les bilans bancaires et si elles menacent la stabilité budgétaire.
“Ce que nous voulons pouvoir faire, c’est intervenir lorsque nous pensons que ce qui est fourni aux clients potentiels sont des produits qu’ils ne comprennent pas et qui sont potentiellement très risqués… Nous devons faire très attention à ne pas simplement les légitimer.” a déclaré Kamlana.
Au cours de la même interview, le commissaire Unathi Kamlana a fait part de la position de la FSCA sur la nature de la crypto-monnaie et son impact sur la stabilité financière du pays. Il a fait savoir que Financial Sector Conduct Authority considère la crypto-monnaie comme un actif financier et non comme une monnaie. L’agence considère également que la crypto ne pose pas de risques importants pour la stabilité financière de l’Afrique du Sud.
Unathi Kamlana a également profité de cette occasion pour rappeler et promouvoir le projet de la Banque Centrale d’Afrique du Sud de doter le pays de sa propre CBDC. Pour lui, les investisseurs devraient attendre la mise en œuvre de cette monnaie numérique de Banque Centrale plutôt que se tourner aux cryptomonnaies.
Lutter contre les escroqueries par la loi
L’annonce de la Financial Sector Conduct Authority (FCSA) de réglementer le secteur crypto intervient alors que l’Afrique du Sud est régulièrement secouée par des escroqueries à grande échelle. Rien que cette année, deux cas de fraude de grande ampleur ont entraîné des pertes énormes pour les Sud-Africains.
En octobre dernier, le jeune autoproclamé millionnaire Sandile Shezi, cofondateur de la société Global Institute Forex basée à Durban a été poursuivi pour fraude pour avoir promis à ses clients des gains annuels allant de 100 à 200% des actifs sous sa gestion mais rien ne s’est visiblement passé comme prévu. Peu avant Sandile Shezi, ce sont les frères Vanish qui avaient disparu avec une caisse de 3.6 milliards de dollars appartenant aux clients de leur plateforme AfriCrypt qui avait été vraisemblablement victime d’une cyberattaque.
Ces escroqueries liées aux cryptomonnaies rappellent la nécessité d’assurer une protection adéquate des investisseurs contre des projets frauduleux. Cela passe généralement par une réglementation claire. L’Afrique du Sud semble déterminée à suivre cette voie. Cependant, tout laisse croire qu’il ne s’agit pas que de protéger les investisseurs. En réalité, les autorités du pays veulent surtout préparer le terrain pour une CBDC qui ambitionne de rivaliser contre le bitcoin, déjà très populaire dans le pays.