Une cryptomonnaie pour construire l’Afrique de demain ?

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Réunis du 02 au 04 décembre 2021 sur l’île de Sal au Cap-Vert (et virtuellement) à l’occasion de la Conférence Economique Africaine 2021, responsables politiques, économistes, chercheurs et universitaires étaient appelés à réfléchir sur la manière de financer le développement de l’Afrique post COVID-19. Trois experts financiers ont à cette occasion estimé qu’une crypto-monnaie africaine et un marché intégré des capitaux pourraient alléger les coûts des entreprises et soutenir la croissance économique sur le continent.  

L’appel de trois experts à une crypto-monnaie Africaine

Panélistes à la Conférence Economique Africaine ténue en décembre, Anouar hassoune, Augustine Ujunwa et Emmanuelle Riedel Drouin ont appelés à la création d’une crypto-monnaie Africaine pour stimuler le commerce sur le continent, alléger les coûts des entreprises et soutenir la croissance après COVID-19. 

Selon eux, cette crypto-monnaie pourrait aider à monétiser certaines des dotations du continent telles que l’or et d’autres matières premières ainsi que contribuer à donner une identité au continent. 

«Nous devons proposer une cryptomonnaie qui soit acceptable pour chaque État membre. Il vaut mieux le faire au niveau continental, et nous avons l’expertise pour le faire. C’est une question de gouvernance, pas une question de technologie », a souligné Anouar Hassoune, professeur de finance et PDG de l’Agence de notation de l’Afrique de l’Ouest. 

Soutenant ce projet, Augustine Ujunwa, économiste à l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest, a dressé la situation des marchés Africains et les préalables réglementaires nécessaires à la mise en oeuvre d’un tel projet. 

« Actuellement, nos marchés sont petits, nos pays sont petits et nous devons adopter une approche régionale pour intégrer les marchés. Mais, avant d’en arriver là, nous devons harmoniser nos lois, réglementations et protocoles régissant nos systèmes fintech et numériques.”

Emmanuelle Riedel Drouin, cheffe du département Transition économique et financière de l’Agence française de développement, a également soutenu cette idée. Elle a cependant souligné quelques prérequis d’ordre technique à capitaliser au niveau du continent. 

« Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de travail à faire sur l’infrastructure numérique, le développement des systèmes de paiement, il faut vraiment travailler l’interopérabilité des systèmes de paiement, donc il y a beaucoup de travail à faire en collaboration avec le institutions financières sur la numérisation des canaux de livraison et de paiement », a-t- elle déclaré.

La place des Banques Centrales Africaines

Pour la mise en œuvre du projet d’une crypto-monnaie Panafricaine, les banques centrales ont un rôle important à jouer. Au-delà du financement du projet, les banques centrales devraient «poursuivre une politique monétaire axée sur la croissance», estime Augustine Ujunwa.

Pour Emmanuelle Riedel Drouin, Il faudrait tout de même veiller à réduire la dépendance de cette crypto-monnaie vis-à -vis des banques centrales comme le rappelle Emmanuelle. Cela pourrait passer par la diversification des sources de financement pour sa mise en œuvre. 

En raison de la pandémie de la COVID-19 et de la mondialisation, la nécessité de passer de l’économie traditionnelle à l’économie numérique se fait de plus en plus ressentir. A ce titre, selon ses penseurs, ce projet de création d’une crypto-monnaie africaine pourrait s’avérer salutaire pour le continent. Mais pour qu’il voit le jour, une harmonisation des règles, protocoles et des technologies financières ainsi qu’une volonté politique réelle sont nécessaires.

Toutefois, il est tout de même important de s’interroger sur l’utilité d’un tel projet.Déjà que la monnaie fiduciaire est gérée de façon à soutenir la croissance par l’émission monétaire, une crypto commune (forcément un stablecoin) aurait quelle valeur ajoutée ? Sera-t-elle à l’abri de l’inflation et du contrôle des institutions corrompues ? Le bitcoin qui, lui, est acéphale et apatride, n’est-il pas le mieux placé pour mettre les Etats désunis sur une même table ?  

Stewart

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