Le Nigéria mène depuis le début de cette année, une forte campagne contre les cryptomonnaies dans le pays. Mais cette répression ne fait pas l’unanimité, y compris dans le cercle restreint du pouvoir comme en témoignent les propos d’un ministre qui appelle à la réglementation du secteur ainsi qu’à la création d’un organisme spécifique pour s’en charger.
Réglementer les cryptomonnaies plutôt que réprimer
Alors que les cryptomonnaies, surtout le bitcoin, sont fortement réprimées par la Central Bank of Nigéria (CBN), Clem Agba, ministre d’Etat chargé du budget et de la planification nationale du Nigéria a pris la parole pour les défendre.
Selon Bloomberg, Clem Agba estime notamment qu’une meilleure réglementation aiderait le Nigéria à promouvoir et développer la technologie Blockchain pour une utilisation plus large.
“Il est crucial que toutes les parties prenantes considèrent chaque joueur comme un coéquipier clé vers un espace cryptographique sain au Nigeria“, a-t-il déclaré, déplorant le fait que l’incertitude dans la réglementation des crypto-monnaies prive son pays d’innombrables opportunités technologiques.
Cette prise de position intervient dans un contexte de forte répression des crypto-monnaies au Nigéria. Le 05 Février 2021, la Central Bank of Nigeria avait formellement appelé les banques commerciales du pays à identifier et bloquer les comptes bancaires liés aux échanges de cryptomonnaies.
En Novembre dernier, une forte campagne contre les cryptos, avec le bitcoin en tête de liste a été menée par la CBN appuyée par la police nigériane. Elle a entraîné le blocage des comptes bancaires utilisant les crypto-monnaies, des arrestations arbitraires des utilisateurs ainsi que la fermeture des activités de certaines start-up oeuvrant dans le secteur de la crypto.
Conflit dans la réglementation des crypto-monnaies
Au Nigéria, la Central Bank of Nigéria (CBN) et la Securities and Exchange Commission (SEC) se disputent le rôle de réguler les cryptomonnaies et prennent parfois des décisions contradictoires sur le sujet. Peu avant la note circulaire de la Central Bank of Nigéria du 05 février 2021 interdisant les crypto-monnaies dans le pays, la Securities and Exchange Commission, avait, dans une déclaration publiée le 14 Septembre 2020, désigné les actifs cryptographiques comme des valeurs conforme à la loi du pays sur les investissements et les valeurs mobilières de 2007.
Ce conflit de compétence entre la CBN et la SEC a aussi fait réagir le ministre Clem Agba qui a appelé à la création d’un organisme pour s’occuper de cette question qui fait couler beaucoup d’encre dans le pays.
“Etant donné que nos lois existantes ne peuvent pas stipuler explicitement qui détient le pouvoir de réglementer les crypto-monnaies, il pourrait être nécessaire de créer un organe supplémentaire pour jouer ce rôle” a-t-il déclaré.
Les propos du ministre Clem Agba rappellent ceux tenus par le vice-président du pays Yemi Osibanjo à Mars 2021. Au cours du forum du comité des banquiers du pays, Yemi Osibanjo avait estimé qu’il “ne fait aucun doute que la technologie blockchain en général et les crypto-monnaies en particulier vont, dans les années à venir, remettre en question le système bancaire traditionnel d’une manière que nous ne pouvons pas encore imaginer et nous devons donc nous préparer à ce changement qui pourrait survenir plus tôt que tard”. M. Osinbanjo avait ensuite appelé à mettre en place un régime réglementaire qui réponde aux différentes préoccupations “sans tuer la poule aux œufs d’or”.