Hausse de la demande des cryptomonnaies en Afrique

Bitcoin et Afrique

Au cours de l’année 2021, les crypto-monnaies ont connu un essor croissant avec à la clé l’officialisation du bitcoin comme monnaie légale par un tout premier Etat souverain: le Salvador. Mais si l’attrait pour les cryptomonnaies est un phénomène mondial, en 2021, certains pays, y compris en Afrique, ont fait preuve de performances d’adoption de la crypto plus que d’autres. 

Tendances majeures pour 2021

Selon un rapport de Chainalysis consacré à l’indice d’adoption de la crypto à travers le monde, 2021 a été une année de croissance pour la crypto-monnaie et d’intérêt accru du public pour l’écosystème. Non seulement la ruée des institutionnels vers les cryptomonnaies s’est poursuivie mais aussi l’intérêt des citoyens ordinaires pour les actifs numériques n’a pas baissé. Selon Chainalysis, l’adoption mondiale de la crypto-monnaie a augmenté de plus de 881 % en 2021.

Le rapport note également que l’adoption dans les pays en voie de développement est portée par des transactions peer to peer, faute d’accès aux exchanges centralisés. 

Se basant sur l’adoption des crypto-monnaies par des personnes privées pour le besoin de l’épargne ou des transactions financières courantes, le rapport de Chainalysis 2021 a répertorié les 20 pays où l’adoption de la crypto-monnaies a été importante au cours de l’année écoulée. 6 Etats Africains en font partie.  

Le Kenya

Avec un score de 0.28 sur une échelle de 0 à 1, le Kenya a été le cinquième pays à avoir performé en terme d’adoption de la crypto-monnaie en 2021 après le Vietnam (1), l’Inde (0.37), le Pakistan (0.37) et l’Ukraine (0.29). L’adoption dans ce pays est essentiellement portée par des transactions peer to peer. Le pays est également un des rares États où les autorités gouvernementales et les régulateurs ne s’attaquent pas frontalement au bitcoin. En février 2021, la banque centrale kényane avait même proposé d’acheter du bitcoin pour compenser la perte de la valeur du shilling Kényan, occasionnée par des manœuvres du Fond Monétaire International. 

Le Nigéria 

Avec un score de 0.26 sur une échelle de 0 à 1, le Nigéria vient à la sixième position des pays ayant performé en termes d’adoption des crypto-monnaies en 2021 juste après le Kenya. La tendance aurait sans doute été différente si l’écosystème crypto au Nigéria n’avait pas connu des tumultes en 2021. En effet, en février 2021, la Central Bank of Nigéria a appelé les banques commerciales du pays à bloquer les comptes des utilisations des crypto-monnaies dans le pays. Le lancement en octobre 2021 de l’eNaira, la version numérique de la monnaie officielle du pays, a renforcé ce climat de répression, entraînant la fermeture des activités des certaines start-up crypto.  Si des opinions éclairées sur la crypto comme celle du ministre Nigérian de Budget sont écoutées, le pays pourrait retrouver ses performances d’adoption de la crypto

Le Togo 

Neuvième au classement des pays ayant eu une forte adoption des crypto-monnaies en 2021, le Togo obtient un score de 0.19 sur l’échelle de 0 à 1. Cette forte adoption de la crypto-monnaie dans ce pays est probablement portée par deux facteurs majeurs : l’intérêt des Togolais pour la DeFi et le combat contre la monnaie locale qui rappelle les années sombres de la colonisation et le pillage par la France.

En effet, le Togo occupe le premier rang en Afrique en terme d’adoption de la DeFi (Finance décentralisée) selon un rapport de chainalysis  publié en octobre 2021. Par ailleurs, de plus en plus des Togolais se tournent vers les crypto-monnaies pour faire barrage au Franc des Colonies Françaises en Afrique (FCFA), la monnaie d’usage dans le pays qui maintient le peuple dans un colonialisme économique et politique indescriptible.

Cette année, l’activiste Togolaise Bemba Farida Nabourema mettra en place la Togo’s Bitcoin Academy  soutenue par Human Rights Foundation pour fournir une éducation sur le bitcoin et combattre efficacement le FCFA. Une initiative qui, on l’espère, devrait booster encore plus l’adoption du bitcoin dans le pays au cours de cette année. 

Afrique du Sud 

Bien que secouée par des scandales d’escroquerie liés aux crypto-monnaies en 2021, la nation arc-en-ciel a fait preuve de performance impressionnante en termes d’adoption des cryptos. Avec un score de 0.14 sur l’échelle de 0 à 1, l’Afrique du Sud a occupé la seizième place du podium d’adoption des crypto-monnaies au monde en 2021. Si les dispositions réglementaires envisagées dans le pays en 2022 sont bénéfiques aux cryptomonnaies, l’adoption pourrait se poursuivre dans le pays. 

Ghana

Comme l’Afrique du Sud, le Ghana a fait un score de 0.14 sur l’échelle de 0 à 1 en ce qui concerne l’adoption de la crypto-monnaie en 2021. Durant l’année écoulée, le Ghana a été la première nation a annoncer la mise en place d’une monnaie numérique de la banque centrale avant de se faire devancer par le Nigéria qui à lancé l’eNaira en octobre dernier. Si l’eCedi, la version numérique de la monnaie Ghanéenne venait à être lancée cette année, la répression des crypto-monnaies pourrait se durcir en 2022 comme on le voit partout. Mais la taxe sur les transactions électroniques que le gouvernement prévoit d’introduire cette année pourrait détourner les Ghanéens vers les crypto-monnaies. 

La Tanzanie 

Avec un score de 0.13 sur l’échelle de 0 à 1, la Tanzanie a occupé en 2021 le dixième rang des Etats en fort adoption des cryptomonnaies, juste avant l’Afghanistan qui est vingtième. Le pays connaît un intérêt croissant pour la cryptomonnaie au point qu’en 2021 une députée du pays a appelé le gouvernement à investir dans le Bitcoin. Bien plus, la banque centrale tanzanienne a annoncé continuer les consultations sur les crypto-monnaies dans le pays. Bien que le pays penche vers le lancement d’une monnaie numérique de banque centrale, tout porte à croire que les crypto-monnaies seront réglementées et non réprimées en 2022. Cela devrait finalement renforcer leur adoption

Portée par le DéFi et les transactions Peer to peer, l’adoption des crypto-monnaies s’est intensifiée ces douze derniers mois aussi bien dans les pays riches que dans les Etats en développement. Même si l’Afrique n’est pas en tête de liste en termes de volume des transactions du fait de la faible adoption professionnelle et institutionnelle, de plus en plus d’Africains font recours aux crypto-monnaies pour faire des transactions financières courantes ou épargner. Un régime réglementaire clair de l’écosystème crypto et un accès aux services crypto devraient renforcer cette tendance pendant les années à venir. 

Stewart

Read Previous

Kivéclair : promouvoir le bitcoin par l’aide et l’éducation

Read Next

Bitcoin (BTC) en 2022: le Kenya pourrait surclasser le Nigéria

Most Popular