L’intérêt des Etats Africains pour les monnaies numériques de banque centrale ne cesse de croître. Après le Kenya le mois passé, c’est au tour de l’Ouganda d’annoncer des études sur la mise en place d’une CBDC, rejoignant ainsi la shortlist d’une dizaine de pays du continent engagés dans des projets similaires.
La Banque Centrale de l’Ouganda explore une CBDC
S’inspirant du Nigéria qui a lancé une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) en Octobre dernier et de pays comme le Kenya, le Ghana, le Zimbabwe ou encore la Tanzanie qui veulent tous doter leurs banques centrales respectives de monnaies numériques, l’Ouganda veut visiblement faire un pas dans la même direction.
Cette information a été confirmée dans un tweet de la Bank of Uganda, mettant en avant une vidéo dans laquelle Charles Abuka, son directeur exécutif, explique l’importance de la mise en oeuvre d’une CBDC.
Certains analystes estiment que le développement d’une monnaie numérique de banque centrale pourrait apporter plus de rapidité et de transparence aux transactions financières. Mais aussi, une CBCD permettrait de minimiser le coût des opérations.
C’est en tout cas ce que pense par exemple Noah Baallesanvu, un “consultant blockchain” en Ouganda qui estime que la CBDC aidera la Banque d’Ouganda à avoir une “vraie idée de l’économie“.
Uganda et CBDC, tout droit vers la désillusion ?
L’optimisme de Noah Baallesanvu n’est pas partagé par tous les citoyens Ougandais et cela en raison de l’expérience peu glorieuse eNaira au Nigéria. En effet, il est à craindre que les personnes vivant en milieu rural, sans accès à internet et aux services téléphoniques n’aient pas accès aux services financiers offerts par la monnaie numérique de banque centrale comme c’est le cas au Nigéria.
La CBDC pourrait de ce fait être vue comme un autre instrument financier moins inclusive pour l’ensemble de la population ougandaise. Par ailleurs, les inquiétudes sur les perturbations que pourrait générer le développement d’une CBDC sur le système bancaire du pays sont bien réelles.
Dans un pays autocratique comme l’Ouganda, il y a à craindre que la monnaie numérique de la banque centrale renforce la répression contre les activistes et opposants politiques. En effet, l’utilisation d’une monnaie numérique émise et contrôlée par les autorités étatiques réduit largement la capacité des voix critiques de s’organiser, se financer et agir sans être réprimée financièrement..
Ces inquiétudes sur l’utilisation de la CBDC sont réelles et peuvent bien être écartées par l’utilisation du bitcoin qui, tout en garantissant un accès libre et sûr aux services financiers, limite largement la censure financière contre les voix critiques.